Une exposition nouvelle et passionnante s’installe au musée de l’Imprimerie, mettant en valeur l’utilisation des couleurs à travers les livres, des objets essentiels de notre parcours artistique. Cette proposition, conçue comme un message personnel au public, véhicule également une vision bien spécifique de l’art : une approche désacralisée.
N’attendez pas une vision exhaustive des couleurs primaires vert, rouge et bleu, qui, lorsqu’elles sont combinées, donnent naissance à la lumière blanche. Chaque couleur bénéficie d’un panneau introductif, rappelant notamment que le rouge a été la première couleur à apparaître dans le langage, car « coloratus » en latin signifie « rouge » ou « couleur » en fonction du contexte. Cependant, le musée de l’Imprimerie ne propose pas une petite encyclopédie sur le sujet.
Le commissaire et directeur du musée, Joseph Belletante, se réjouit visiblement de jongler avec les différents supports : estampes, imprimés, photos, vidéos… sans les hiérarchiser. Ainsi, dans la section consacrée au vert – en l’occurrence le vert Véronèse, une véritable teinte –, les reproductions des tableaux du peintre italien affichent volontairement une qualité médiocre.
L’objectif n’est pas ici de se rapprocher de l’original, mais plutôt de confronter ces reproductions aux œuvres d’aujourd’hui qui intéressent particulièrement la jeune génération, telles que les extraits du jeu vidéo japonais Zelda, avec ses personnages tout verts, ainsi que l’exposition de planches Zelda, le jardin et le monde d’Alex Chauvel (2022). Les livres occupent une place centrale dans cette exposition, en tant que totems intemporels.
Le rouge de Stephen King et les Bluets de Maggie Nelson Le rouge associé à Stephen King nous raconte une histoire captivante (à découvrir à travers les différents panneaux) : celle d’un écrivain inspiré par les comics d’horreur et fantastiques des années 1940 et 1950 (visibles ici). Son travail a influencé de grands réalisateurs tels que Cronenberg pour Deadzone (dont King a approuvé l’adaptation) ou Kubrick pour Shining (que King a détesté). À chaque étape de cette section, des extraits de livres, des affiches et des extraits vidéo sont présentés.
Ces trois figures emblématiques associées au RVB ne dominent pas ces concepts de manière autoritaire. Autour du vert, on trouve également le dollar et Babar, tandis qu’autour du rouge, on évoque les roses, le mythique logo Lego®, des affiches du constructivisme russe et une œuvre récente de lithographie, Se coiffer (2016) de Françoise Pétrovitch, qui est une nouvelle acquisition de ce musée en constante évolution.
