Bernard Pivot (né le 5 mai 1935) est un journaliste français, intervieweur et animateur de programmes culturels de télévision. Il est président de l’Académie Goncourt depuis 2014.
Biographie de Bernard Pivot
Pivot est né à Lyon, fils d’épiciers. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père, Charles Pivot, a été fait prisonnier et sa mère a déménagé la maison familiale dans le village de Quincié-en-Beaujolais, où Bernard Pivot a commencé l’école.
En 1945, son père est libéré et la famille réunie retourne à Lyon. À l’âge de 10 ans, Bernard Pivot entre dans un pensionnat catholique où il se découvre une passion dévorante pour le sport ; une passion qui permet aux enseignants de faire abstraction de sa médiocrité générale dans toutes les matières scolaires traditionnelles, à l’exception de la langue et de l’histoire françaises.
Après avoir commencé des études de droit à Lyon, Pivot entre au Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris où il rencontre sa future épouse, Monique. Il en sort deuxième de sa promotion.
Après un stage au Progrès à Lyon, il étudie le journalisme économique pendant une année complète, puis rejoint le Figaro Littéraire en 1958.
En 1970, il anime une émission de radio quotidienne humoristique qui soulève souvent des questions politiques, peu appréciées par le président Georges Pompidou.
En 1971, le Figaro Littéraire ferme ses portes et Pivot rejoint le Figaro. Il le quitte cependant en 1974 après un désaccord avec Jean d’Ormesson. Jean-Jacques Servan-Schreiber l’invite à se lancer dans un nouveau projet qui aboutira à la création d’un nouveau magazine, Lire, un an plus tard.
Entre-temps, en avril 1973, il avait commencé à animer une émission de télévision intitulée Ouvrez les Guillemets sur la première chaîne de télévision française. En 1974, l’ORTF a été dissoute et Pivot a commencé son programme Apostrophes. Apostrophes a été diffusé pour la première fois sur Antenne 2 le 10 janvier 1975, et a duré jusqu’en 1990.
Pivot a ensuite créé Bouillon de culture, dans le but d’élargir le public au-delà des livres. Mais il est finalement revenu aux livres.
Le 10 avril 2008, Pivot a été fait membre honoraire de l’Ordre du Canada.
Le mois précédant le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne en octobre 2019, après trois ans de débats publics stériles, Pivot a tweeté : « Je propose d’insérer le mot « brexit » (sans majuscule) dans la langue française. Cela indiquera un débat cacophonique et insoluble, une réunion ou une assemblée sanglante et désorganisée. Exemple : la réunion des copropriétaires s’est terminée en brexit ».
Championnats d’orthographe
En 1985, avec la linguiste Micheline Sommant, Pivot crée les Championnats d’orthographe qui deviennent en 1992 les Championnats mondiaux d’orthographe puis en 1993 les Dicos d’or.
Ces concours annuels se déroulent en trois phases :
Au printemps, des épreuves de sélection sont organisées avec la presse, en particulier avec Lire, et dans quelques collectivités locales (par exemple les écoles). Il s’agit de questionnaires à choix multiples.
À l’automne, les candidats sélectionnés se retrouvent région par région en demi-finale. Ils reçoivent à nouveau des questionnaires à choix multiples, accompagnés d’une dictée.
Puis, pendant l’hiver, les finales se déroulent en un seul lieu.
Il existe quatre catégories : les juniors scolaires, les juniors, les seniors professionnels et les seniors amateurs.
La participation est gratuite, à l’exception du coût des magazines qui publient les épreuves de sélection.
Filmographie
- Ouvrez les guillemets sur la première chaîne (ORTF) (1973-1974)
- Apostrophes (1975-1986)
- Bouillon de culture (1991-2001)
- Dicos d’or sur France 3 (1993-2005)
- Double je (2002-2005)
Bernard Pivot et James Lipton
James Lipton a été inspiré pour créer Inside the Actors Studio par le visionnage fortuit d’un programme Pivot sur le câble. Lipton a adapté l’utilisation d’un questionnaire de Proust par Pivot à celui qu’il utilisait lui-même à la fin de chaque épisode d’Inside the Actors Studio.
Cependant, la question « Si Dieu existe, que voudriez-vous qu’il vous dise quand vous serez mort » a été considérée comme potentiellement offensante pour le public américain, et remplacée par une question plus acceptée « Si le ciel existe, que voudriez-vous qu’il vous dise quand vous arriverez aux portes du paradis ».
Pivot s’est rendu compte que Lipton s’était inspiré de son questionnaire, et a invité Lipton à apparaître dans le dernier épisode de Bouillon de culture.
Controverse autour de l’enfance
Le 26 novembre 1973, il invite le romancier pédophile Tony Duvert dans son spectacle Ouvrez les guillemets, qui refuse, laissant son éditeur et ses soutiens Jérôme Lindon et Alain Robbe-Grillet promouvoir son livre.
Le 30 mai 1975, il reçoit Vladimir Nabokov, l’auteur de Lolita in Apostrophes ; le 12 décembre 1976, Michel Foucault critiquant la psychanalyse et la « sexualité contractuelle » basée sur le consentement ou le non-consentement, avec René Schérer, Guy Hocquenghem et François Châtelet ; le 14 octobre 1983, Renaud Camus, défenseur de la cause pédophile ; le 23 avril 1982, Daniel Cohn-Bendit décrivant des relations ambiguës avec des enfants en maternelle ; le 2 mars 1990, Gabriel Matzneff, dont le livre Mes amours décomposés est très critiqué ; le 23 février 2001, Catherine Dolto pour parler de la légalisation des pédophiles, dans Bouillon de Culture ; et en 2005, Michel Tournier, dont les références pédophiles ont été publiées dans La Pléiade en 2017.
Le 17 mars 2013, il défend le livre d’Alexandre Postel, Un homme effacé, décrivant un homme possédant des images explicites d’enfants dans son ordinateur et le 30 octobre 2016, La Mauvaise vie de Frédéric Mitterrand, comme un « livre courageux, très courageux, une sorte de confession laïque où chaque confession, comme dans le « Je me souviens… » de Georges Perec, commence par « Je regrette… ».
En 2017, le neuropsychiatre Louis Masquin, décrit dans la revue catholique La Croix, l’introduction de la littérature pédophile à la télévision française dans les émissions de Bernard Pivot comme le « reflet de l' »aventure pédophile », « considérée comme à peu près normale ».
En 2019, il souligne sur Twitter que « les cardinaux, évêques et prêtres qui violent des enfants ne croient ni au ciel ni à l’enfer », critiquant l’influence de la réforme de Vatican II. En septembre 2019, il déclare sur Twitter : « Dans ma génération, les garçons cherchaient des petites filles suédoises qui avaient la réputation d’être plus ouvertes que les filles françaises. J’imagine notre surprise, notre peur, si nous nous étions approchés d’une Greta Thunberg ». Julien Bayou, du parti écologiste, Europe Écologie – Les Verts, répond : » vous parlez d’une mineure » et la féministe française Caroline de Haas lui demande de supprimer son poste ce qu’il refuse de faire. Il est immédiatement défendu par l’essayiste Eric Zemmour. En décembre, Bernard Pivot s’excuse d’avoir permis à Gabriel Matzneff de décrire ses relations avec les adolescentes (et les garçons) dans ses talk-shows littéraires sans être contesté par lui.